Prêtes à se manifester dans leur habit d'écriture, les Vitamines mûrissent en moi
de quelque manière non verbale avant que je ne touche le clavier de l'ordinateur.
Les semaines se ressemblent en apparence seulement. Rien n'est prémédité.
À chaque fois, avant qu'un premier mot ne fasse son apparition, mon esprit se vide
et mes mains deviennent instantanément glacées par l'action d'un feu ardent
qu'elles contiennent et que mes yeux voient. Je n'entre dans aucune sorte de transe.
Tous mes sens s'aiguisent et convergent vers un espace à l'intérieur duquel ils sont
au service du Verbe. Ma pensée conditionnée par sa logique adaptée à ce que
nous appelons "réalité spatio-temporelle" retrouve sa fonction originelle :
elle n'est plus qu'un outil. Mon être entier devient intensément éveillé, lucide,
conscient de ce qui se passe. Un premier mot s'incarne ... j'écris en français.
C'est toujours un acte fluide et tonifiant. Une fois le texte parachevé
dans son intégralité, je m'emploie à le traduire en anglais.
Une version néerlandaise que je vais personnellement taper sur le clavier,
aura été assurée par mon co-équipier Harm Kuijers. Dans mon entendement,
une écriture trilingue a un avantage de taille : elle encourage à soupeser
le moindre mot pour anticiper ses reflets complémentaires
et possiblement les plus fidèles dans d'autres langues.
Depuis trois jours je sais
qu'il m'est demandé de commencer la Vitamine 45 par cette introduction.
Le moment est venu. Je suis prêt et ne tarde plus à formuler mon invitation :
I. - Me voici, je T'invite à parler.
Rendons grâce à l'Insaisissable sans Lequel le saisissable
n'est qu'une enveloppe vide sans valeur.
Tu M'appelles et Je t'appelle. Me voici.
Je suis heureux que Tu sois.
[Silence]
Tu es libre de répondre à cette question :
qu'est-ce que c'est que d'être canal ?
C'est de s'offrir en tant que couloir à travers lequel
passe une spécifique dose de Lumière.
Cette dose est communiquée seulement à ceux
d'entre les humains qui élargissent adéquatement
leur capacité de réflexion cardiaque.
Qu'en est-il de l'ego de l'humain qui sert de canal ?
Son ego se doit d'être momentanément rendu inactif,
autrement c'est un outil qui peut facilement devenir piège.
Un canal aussi honnête et remarquable qu'il soit,
a tendance à affirmer : "Là, ce n'est pas moi qui parle".
Ainsi, ce canal décline la responsabilité personnelle de ce
qui est communiqué. Nous vivons dans un monde
contaminé par tromperie et naïveté.
Aujourd'hui tout humain est amené à réaliser
la responsabilité personnelle entière et illimitée
de tous ses actes.
Incapables de saisir le NOUVEAU, lançant les modes
et s'adaptant à celles-ci, les trompeurs ne peuvent s'habiller
que de l'ancien. C'est à cela que tu les reconnaîtras.
[Silence]
N'oublie pas qu'il est des accords signés avant d'avoir plongé
dans ce monde. Tu as aussi signé un accord. Demande.
Suis-je un canal ?
Tu M'avais déjà posé cette question. Je te dis par trois fois :
même si tu en as la capacité et la pratique,
tu n'es pas un canal.
Le Sacré n'est pas au-dehors mais au-dedans de toi,
le sais-tu ?
Je le sais et je le vis.
[Silence]
Au plus intime de qui je suis,
je vis la responsabilité entière et illimitée de tous mes actes.
Demande.
Qu'est-ce que c'est que le dédoublement de la personnalité ?
Qu'est-ce que c'est que le dédoublement de la personnalité ?
Réponds !
C'est un terme ancien sorti d'un lexique ancien valable pour
tous ceux qui ont abandonné le Sacré pour essayer
de Le ternir, de L'oublier ou de Le placer à l'extérieur
d'eux-mêmes pour L'analyser ou pour L'adorer.
Suis-Je ton double ?
Oui, à l'intérieur de notre personnalité qui est une,
parce que la Vie est éternelle et une.
Ne changent que nos états de conscience.
Mon corps physique est une réalisation
d'un certain état de conscience qui m'échappe.
L'échappatoire n'est qu'un voile. C'est toi qui l'as tissé.
Il est usé et ne te sert plus. Enlève-le et vois que
ton corps physique est une réalisation d'un état
de conscience concret dont tu es le maître.
[Silence]
Puis-je Te poser une autre question ?
Oui.
Un jour du mois de juin 1943 à Budapest, celle-qui-parle dit : "Attention ! Ce n'est plus moi qui parle !".
Était-elle devenue un canal ?
Non. Elle a su immédiatement que son moi n'est pas effacé,
mais contenu dans son Moi. Lorsque plus tard, il lui arrive
de donner son corps entier aux trois autres Moi,
elle n'est pas un canal non plus, parce que ces Moi
sont contenus dans la Sphère dont elle est le co-créateur.
Ce que j'écris sur les pages FlorRaison relève
de la vibration de ce que celle-qui-parle communique.
Là-dessus, il y a peut-être déjà des critiques signalant
que ce que je fais n'est qu'un reflet sans intérêt.
Et pourtant je ressens une force intérieure indicible
soutenue par la certitude que ce que je fais est nouveau.
[Silence]
Sois aussi mon appui. Je suis heureux que Tu sois.
Tu es reconnaissant et indépendant.
Je suis donc aussi ton appui.
Celle-qui-parle l'est aussi, parce que tu n'es pas un canal.
Le "déjà" appartient au temps et ce que tu communiques
est en dehors du temps.
Nous avons établi un rythme qui est une respiration
entre ce qui est temporel et ce qui ne l'est pas.
Le monde où tu te trouves a soif.
Moi aussi je sers.
Abandonne tous les "peut-être",
car ils n'engagent à rien et ne servent que les faibles
qui se sont coupé leurs propres ailes.
Toi, pars de la certitude comme tu le fais et ne crains rien !
Dans ce que tu œuvres, tous ceux
qui puissent y voir rien qu'une ombre ne savent pas lire.
Dans ce monde rares sont ceux qui savent lire.
On m'a dit un jour que je suis prétentieux
et que je me dois de lire d'abord ce que les maîtres ont écrit.
Mais ... en comparaison de certains lecteurs, j'ai lu très peu,
je ne pouvais m'y forcer,
n'ayant pas besoin de beaucoup de lecture.
Ni le peu, ni le beaucoup ne servent plus personne.
Sois honnête, indépendant et intense comme tu es.
Les comparaisons sont trompeuses,
elles l'ont toujours été.
Celui qui montre du doigt l'autre
pour le flatter ou l'abaisser, se coupe sa propre main.
Celui qui juge crée son propre enfer.
Le compliment opportun et juste nourrissant l'âme
et l'encouragement qui en découle
sont devenus rarissimes parmi les humains.
Il en est de même avec l'écriture.
Tellement de mains ne savent même plus écrire "j'aime" !
C'est triste ...
Tristesse et pitié ne sont que poison.
Mets-toi à graver la compassion
même pour les marionnettes !
Agis par la Joie qui est aussi toi-même.
Elle l'est parce que tu es aussi chorégraphe de Feu !
Maintenant libère ton sourire, car
TOUT CHANGE ET S'ALLÈGE DANS LA LUMIÈRE
Je suis heureux que Tu sois. Je ne demande plus rien.
[Silence]
Sois attentif :
Tu tardais à venir ... parce que notre temps est maintenant.
Soixante-douze années terrestres relient ce qui est dit
par celle-qui-parle à ce qui est dit par celui que tu es.
Hier, je t'ai dévoilé que tu es celui-qui-unit.
Es-tu avec Moi ?
Je ne suis pas avec Toi :
je suis Toi = ma conscience du Centre de la Sphère.
[Silence]
... oui ?
Maintenant, entends cette introduction :
Je me souviens
de la réconfortante chaleur à l'intérieur du corps de ma mère,
un espace où un ingrédient lumineux me manque et qui est
celui d'infimes particules stellaires de l'entendement.
Soudain, je commence à suffoquer ... je dois respirer, car si je manque à insuffler
l'air à temps, j’aurai raté mon plongeon dans le monde de la physicalité.
Ma sortie du tunnel du ventre de ma mère est longue et très éprouvante.
Au bout de ce tunnel je perçois une lumière blanchâtre non raffinée.
Se produisent la première inspiration d’air glacé et le choc thermique : j’ai froid.
Dans le spectre d’une lumière subtilement fluorescente, je ne vois pas mon corps,
j'ignore à quoi il ressemble, mais je vois toutes les personnes qui assistent
à ma naissance, je me souviens de leur physionomie (le groupe comptait une douzaine
d'individus, car l’accouchement eut lieu dans le cadre d'un atelier pour étudiants,
ce que j'ai appris bien plus tard) et je comprends parfaitement tout ce qu’elles disent.
Il me semble possible de saisir leurs pensées. Par l'exclamation "un garçon !",
j'apprends qu'il s'agit de moi et que c'est là, ma première limitation. Les sensations
visuelles, thermiques et acoustiques confirment que cette réalité est un monde hostile
et illusoire de séparation, une sensation lucide et fort désagréable dans mon cas.
Dans les secondes qui suivent,
on me sépare de ma mère pour me placer dans une autre salle. Je dois m’habituer
à mon corps, un scaphandre trop petit qui m'intéresse peu et qu’il me semble
ne pas maîtriser. Je commence à saisir vaguement ce que sont mes yeux physiques.
Je les ferme et je m'endors.